Il est temps pour moi de vous avouer un secret mes chers amis.
Certains d’entre vous doivent se souvenir du temps où j’ai rejoins l’Oskoreï. Je vous ai menti depuis le début : jamais je n’ai entendu le moindre son, ce souffle qui emplissait les oreilles de mon imbécile de sous-fifre, Menwel, le bien nommé. Il m’a réveillé un matin m’expliquant une histoire de trompette qu’il entendait au loin et qu’il souhaitait rejoindre. Je l’ai suivi, jubilant par avance à l’idée de le voir tomber nez à nez avec une troupe de traine-savates jouant du clairon.
A lieu et place de gueux, j’ai trouvé une petite armée balbutiante qui, à l’image de son chef, est devenue la plus puissante de Romine. J’ai joué la comédie pour tromper le service de recrutement drastique de l’époque et j’ai prétendu moi aussi avoir la tête pleine de cet Oskoreï que tout le monde semblait connaître, et surtout, entendre.
Pourquoi me direz-vous ?
Lorsque j’étais plus jeune, ma vie n’a pas été toujours très… convenable dirons-nous. Jamais posé, toujours à droite et à gauche et bien entendu, sûrement pas lié à une jeune elfe de mon âge. Un jour, je suis tombé sur un recueil humain dépeignant les elfes comme des créatures merveilleuses, pleine de charme et de tendresse : des créatures parfaites en somme. On voit bien que l’auteur de ces conneries ne m’a jamais croisé…
Un matin, j’ai entendu un piaillement à ma porte : j’ai ouvert. Un couffin souillé de boue m’attendait… son contenu gazouillait et me regardait comme si j’étais un saint. Oh la merde… Avec ce petit mot :
« Shlom, je crois bien que t’as oublié un truc en moi quand t’es venu la dernière fois. J’ai fais fructifié le bordel, alors maintenant, c’est à toi de t’en démerdé. Reviens plus ou avec une bague. Signé : Va chier ! »
Hem… Dire que j’étais ennuyé à ce moment n’est qu’une figure de style pour masquer mon état. Un doux euphémisme en somme.
Après avoir envisagé toutes les solutions possibles, j’ai pris le machin sous le bras et je suis sorti de la ville.
Au pied d’un arbre, dans un coin de forêt particulièrement sauvage, j’ai abandonné ce petit trésor. Je n’avais aucune idée de ce que je faisais… j’ai agis par survie, la seule chose que je sache faire.
Les années ont passé mais je ne l’ai jamais oublié ce petit bout de moi. Qu’a-t-il pu devenir ? Lors de mes nuits agités, celles où je n’ai pas assez bu pour m’assommer, je l’imagine ce petit machin devenir quelqu’un. Il a du grandir et apprendre à se débrouiller seul. Il a appris de vraies valeurs, loin cette soif d’or et d’alcool qui me ronge, il a su en éviter les pièges pour grandir comme il faut. Ce doit être un grand guerrier maintenant…
Non Shlom, on ne grandit pas dans l’estomac d’un loup.
Malgré ça, je le cherche encore, la nuit, parmi mes confrères. Et si certains parmi vous ont parfois trouvé étrange de me voire dans leur tente à la tombée de la nuit, qu’ils ne s’effrayent plus : je ne faisais que m’accrocher au seul souvenir que j’ai de mon enfant : il avait six orteils à chacun de ses pieds. Une marque hors du commun pour un Destin hors du commun.
Le prof'