Je me nomme Angalimë Aerandir de mon vrai nom elfique. Ma mère était une elfe de rang Noldor (riche, luxe et beauté à profusion) qui excellait dans les arts culturels.
Un jour de printemps, temps propice aux frivolités dans les champs, une horde d'orcs attaquèrent notre village. Ce fut un carnage...tous les mâles du village furent tués. Les plus courageux au combat, les plus peureux, la tête coupée alors qu'ils imploraient pitié agenouillés devant leurs agresseurs.
Ma mère,elle, comme les femmes elfes fut violée et prise en esclavage par les orcs. L'occasion de s'échapper arriva lors d'une nuit de beuverie. Les orcs, fetant dignement l'avenement d'un nouveau chef, burent jusqu'à en oublier leur propre nom.
La mère s'éclipsa de ce campement au plus vite, laissant derrière elle son pire cauchemar. Le retour, sans halte, fut très eprouvant. Ma mère, de peur d'être rattrapée par les orcs si l'idée leur était venue de la pourchasser, ne s'accordait que des rares pauses.
Du village, il n'y restait que des cendres fumantes, seul vestige du passage des orcs. Les neufs mois de grossesse furent probablement ses plus durs. Seule, affaiblie, elle dut accomplir des taches physiques auxquelles elle n'avait été attitrée, de par son rang de noble.
De ma jeunesse, il n'y a presque rien à dire. Nous avions reconstruit une maison pas loin d'un cours d'eau dans la foret et plus je grandissais, plus je déchargeais ma mère des tâches physiques. De ma mère, j'ai eu les traits gracieux des elfes, et de mon père, la force brute singulière aux orcs.
A vingt ans, la vie paisible de routine dans laquelle ma mère et moi nous nous étions installées bascula complètement.
Au petit matin, comme à mon habitude, je partis me laver dans le cours d'eau de la rivière limpide quand une demi-douzaine d'orc arriva à proximité de notre chaumière. Je ne le découvrit que plus tard mais ma mère fut tué sur le moment. Au lieu de se laisser capturer, ma mère montra de la résistance; elle ne voulait plus vivre le calvaire d'il y a vingt ans. Les orcs n'apprecièrent guère et ne lui laissèrent aucune chance de s'en sortir.
Pendant ce temps, un orc parti en observation aux alentours détecter d'éventuels êtres indésirables arriva près du cours d'eau. A la vue de mon corps nu au milieu de la rivière, l'orc, guidé par son instinct, posa son arme sur la berge et s'approcha de moi tout en se pourléchant les babines. Il me croyait aussi fragile et inoffensive que ma mère, son erreur fut sienne. Avec ses mouvements lents et gauches il tenta de m'attraper, mais agile telle une elfe guerrière je l'esquivai et le contournai pour prendre possession de son arme imposante.
Maniant avec dextérité l'arme puissante telle une hache, je renvoyai cet etre répugnant dans les limbes par un foudroyant coup qui fracassa net sa tête.
Alerté par le fracassement de sa boite cranienne, ses compagnons accoururent dans ma direction. En combat singulier, il n'y a aucun doute que je faisais le poids, mais à une contre cinq seule la fuite pouvait me sauver.
Depuis ce jour, ma route fut toute tracée. Je me consacrerai toute entière à ma vengeance. Je n'etais plus réellement une elfe.
J'étais un être dirigé par la colère et la haine.
Seul le destin sait ce qu'il adviendra de moi.