Un nouveau compagnon pour Henoula

Encore un triste jour se lève sur Tîraë'Landil. La légère brise qui vient courir sur mon visage me ramène la puanteur de nos ennemis étant encore bien présents devant nous.
Cela fait déjà plusieurs jours que les orcs souillent notre belle forêt. Je parle bien entendu de la forêt des murmures!!Mais bon je sens que nous sommes en train de prendre l’ascendant moralement sur ce front ! Notre haine et notre force de vaincre nous donne la force de continuer à nous défendre. Nous ne ressentons plus rien ni fatigue ni faim ni douleurs et chaque ami tombant à nos côtés ne fait qu’agrandir notre soif de vengeance.
Au loin, je peux encore entendre le son du cor signifiant que la chasse continue et qu’elle est loin d’être finie. COURAGE mes amis nous allons rendre à notre belle forêt toute sa splendeur !

Malgré toute cette violence les terrains hostiles sont de vrais lieux de rencontre ! J’ai pu y faire la connaissance d’Elween un marchand elfe. Alors que j’allais porter un coup à un orc agonisant j’entendis une voie crier ces quelques paroles :
« Que ceux qui sont seul, prennent trop de coups ou ne veulent plus se déplacer à pied viennent me voir ! Pour quelques piécettes d’or tous ces problèmes sont résolus grâce à une formule toute simple ! »
Tiens en voila encore un qui vante les merveilles d’un produit miracle qui n’existe pas me suis-je dit ! Cependant menée par ma curiosité je me dirigée vers lui. (Les marchands savent nous attirés avec leurs phrases pleines d’intrigues).
Une fois arrivée à côté de lui, je lui demandais donc quel était ce produit miracle. Il me répondit que c’était un parchemin qu’il avait trouvé sur une dépouille d’un vieil elfe mort au combat et qu’il permettait d’invoquer une bête. Il me dit aussi que celui-ci devait avoir une grande valeur car l’elfe n’avait pas l’air d’être « monsieur tout le monde ». Il possédait les vêtements et le pendentif qu’ont les grands mages.
Tout cela me paraissait intéressant et je voulais savoir ce que ce parchemin renfermait. Je lui donnai donc les quelques pièces qu’il demandait en espérant que ce ne soit pas une quelconque supercherie !

Maintenant la transaction effectuée je n’avais plus qu’à vérifier ces dires. Après m’être mise un peu à l’écart, j’entamai la lecture de ce vieux et mystérieux bout de peau d’animal tanné.
Il y était inscris qu’il fallait une grande sagesse et une très bonne maîtrise de la magie pour contrôler la créature issue de cette incantation. Seul quelques êtres dont leur destinée était de devenir de grands mages pouvaient s’en sortir sans dommages et ne faire qu’un avec cette créature.
N’ayant depuis longtemps plus peur de mourir rien de curieux ou secret ne pouvait m’arrêter quel qu’en soit le prix.
L’heure de l’incantation était arrivée, je me mise debout et commençai à lire : alakazam aere postunolam vacae… Au début, une lumière blanche et très aveuglante est apparue. Il aurait été pour les yeux moins douloureux de regarder le soleil au zénith plutôt que de continuer la lecture. Après une grande concentration et moult parole dans une langue qui paraissait être celle des anciens, je tombai à genou avant de m’effondrer le buste contre le sol.
Soudain, je sentis quelque chose de très râpeux, humide et collant me mouiller le visage. Je me relevai et vu un spectacle magnifique !!!
C’était loin d’être un monstre hideux ! C’était un animal magnifique au pellage blanc tel les premières neiges zébrés de fine ligne noir nuit. Deux sublimes yeux bleu azur, une truffe rosâtre et deux petites oreilles frétillantes qu’il bougeait au fil des bruits qui l’intriguait formaient sont énorme tête. On l’aurait cru inoffensif. Cependant ses un mètre cinquante de haut, ses trois mètres de long, sa musculature et ses griffes acérées nous rappellent le contraire. Au bout d’un moment il ouvrit son énorme gueule pour faire retentir dans toute la forêt un cri bestial comme s’il avait voulu avertir de sa présence. Et là se fut l’apothéose ! Il possédait une mâchoire composée d’innombrable dents très longues, affûtées et pointus suffisantes pour décourager un guerrier mal avisé. C’était une vraie machine à tuer.

Apparemment il ne m’avait pas encore attaqué. Il avait même plutôt l’air amical. Il m’avait réveillé avec quelques coups de langue et maintenant il se laissait caresser. Je pense donc pouvoir le faire obéir et m’en servir comme monture ou comme bête féroce pour apeurer et terrasser mes ennemis.
L’envie de lui monter dessus m’était trop forte, il fallait que j’essaie. Je me dirigeais donc vers lui. C’est alors que je le vis s’asseoir comme s’il avait compris mon intention. J’en profitai donc pour l’enjamber. Le fauve se releva et je me retrouvai avec les pied pendant dans le vide. Quelle sensation ! Ce fut excitant et étrange à la fois. Je décidai de l’appeler : Tylur. Je me rappelais soudain ce qu’il était dit dans le parchemin «Seul quelques êtres dont leur destinée est de devenir de grands mages peuvent s’en sortir sans dommages et ne faire qu’un avec cette créature».
Encore une fois cela prouvait que je n’étais pas une elfe comme les autres, j’avais de grands pouvoir et une destinée digne des plus grands mages. De plus, maintenant je sais que je ne serais plus jamais seule. Il m’aidera à voyager et veillera sur moi comme une mère sur son enfant. Allons en route Tylur notre route jusqu’au Ragnarök et encore longue !

Ce matin là, je m'étais éveillé avec une furieuse envie de champignon. Que voulez-vous, il y a des choses qu'on ne refreine pas : l'envie de pisser et celle d'aller chercher les champignons. Et justement, ce matin là, j'avais les deux.

Me voici donc partis comme un seul homme. Au premier arbre venu, j'inspectais le sol. N'ayant rien trouvé qui puisse satisfaire mon envie première, je m'attelais à combler la seconde.

Alors que j'étais concentré à la tâche (ces choses là ne se font pas à la légère), mon ouïe légendaire me fit tendre l'oreille. Quelque part, non loin de moi, un gémissement était porté par la brise... Cessant toute activité autre (oui messieurs dames, je peux le faire !), je me dirigeais vers la source du bruit, les oreilles tendues et le poil luisant. Au détour d'un fourré, alors que je m'approchais à vue d'oeil (façon de parler), un éclair manqua de me foudroyer sur place, une lueur éclatante m'arracha un cri de stupeur et je plongeais dans le fourré pour éviter une possible attaque ... mais rien… Le silence reprit ses droits pour quelques secondes.

Du fond de mon maquis, j'entendis un frôlement. Une créature immense rodait à proximité. J'écartais délicatement les branchages de mon abris pour apercevoir le monstre : un colosse de plusieurs pieds de haut, recouvert d'une fourrure blanchâtre et striée de terrifiantes zébrures noires. Tout ceci aurait été tolérable si son énorme gueule n'était pas garnie de véritables poignards... ses yeux vert lui permettaient sans aucun doute de voir en pleine nuit : ils dardaient dans tous les sens comme de véritables torchères embrasées. Nul doute que la créature cherchait sa proie qu'elle sentait de sa truffe démesurée !

Aussitôt ma stupeur évacuée, j'armais mon arc, pressé d'en venir à bout : mon premier trait fit mouche et le monstre hurla de douleur. Le deuxième vint se loger sur son flanc : ainsi touché, il lui serait probablement impossible de courir s'il venait à me découvrir. Fois de Professeur, je suis le plus redoutable chasseur de ton Romine. La bestiole en faisait le pénible constat : elle chancela sur le côté, un genou à terre.

C'est alors que le drame se noua : alors que je pensais avoir le monstre à ma merci, je vis Henoula prostrée contre un arbre. Je compris soudain que la créature ne cherchait pas une proie : elle l'avait trouvé depuis bien longtemps et je n'avais fait que retarder son festin.

La douleur est parfois bien maigre face à une faim tenace : à peine capable de se lever, l'immondice parvint malgré tout, et je ne sais comment, à s'emparer de mon amie. Elle la plaça sur son épaule et, oubliant ses plaies béantes, s'échappa d'une mort certaine me laissant seul, totalement abasourdi.

Ma proie venait de s'échapper. Pire, elle venait d'enlever l'une de mes soeurs d'arme pour la dévorer dès la nuit tombée. Et je n’avais toujours aucun champignon.

La vie est dure mes frères.
Hénoula, sauras-tu un jour me pardonner.
Je suis un incapable.
Je me déteste.
Pardon.

Ce matin l’air été paisible. L’assaut des orcs avait été repoussé et je pouvais enfin profiter d’un peu de temps libre pour me perfectionner dans la maîtrise de la magie mais aussi jouer avec mon tigre Tylur. C’est étonnant la rapidité à laquelle il se déplace en une fraction de seconde il arrive à me contourner et à me bondir dessus sans que je n’ai eu le temps de réagir. Avec son élan il n’a plus qu’à poser ses quatre énormes pattes sur moi pour me faire tomber. Une fois au sol, c’est impossible pour moi de faire quelque chose. Son poids m’étouffe, je ne peux plus bouger et il n’aurait plus qu’à ouvrir sa gueule pour me déchiqueter. Personnellement je ne voudrais pas être à la place du gusse qui osera m’agresser.

Soudain, j’entendis un sifflement venir dans notre direction. C’était celui d’une flèche pourfendant l’air. Il fut suivi d’un frissonnant rugissement. Je vis mon tigre se dresser sur ses deux pattes arrière et rugir avec une gueule largement ouverte. Je ne le connais que depuis peu mais ce cri n’était pas habituel. Il révélait sans nul doute la douleur. C’est alors que j’entendis un second sifflement similaire au précédent. Tylur poussa un second cri et s’écroula de tout son long. La peur m’envahie et je me préparais à envoyer un éclair sur la première chose qui viendrait m’attaquer. Certainement dans un ultime effort je vis Tylur se relever. Il se précipita vers moi, glissa son énorme tête entre mes jambes et fis un petit mouvement vers le haut avec son cou ce qui me permis de me retrouver à califourchon avant même que j’ai eu le temps de m’en apercevoir. En quelques secondes nous étions déjà loin du lieu d’agression.

Après une dizaine de minute de fuite, nous arrivâmes dans un somptueux endroit. Il y avait une grotte et de chaque coté de celle-ci dégringolait quelques filet d’eau limpide en cascade. Je n’avais jamais vu cet endroit paradisiaque.
J’ordonnai à Tylur de s’arrêter et je descendis de son dos afin d’aller voir si aucune créature n’avait élu domicile dans ce sublime lieu. La grotte semblait déserte. Lorsque je me suis retournée, j’ai vu mon tigre s’effondrer le long d’une des parois de celle-ci. Les coups qu’il avait reçu et notre folle chevauchée l’avait mis KO.
Je décidai de regarder d’un peu plus près ses blessures. En soulevant une touffe de poil devenue rouge par l’hémorragie je vis sur son flan une plaie ovale, profonde et ne faisant pas plus de deux centimètres de long sur trois millimètres de haut ce qui correspond à l’empreinte laissée par la pointe en fer forgée lors de la pénétration d’une flèche. Je ne m’étais pas trompée, c’était donc bien un archer qui était à l’origine de cette agression. Alors que j’allais ausculter sa deuxième blessure située au niveau de sa panse je m’aperçus que le projectile était encore présent. Il fallait que je l’enlève. Mais comment faire ? Tirer un bon coup sec me paraissait être la meilleure solution. C’est ce que je fis. Le félin poussa un gémissement dans lequel je ressentis une grande douleur mais aussi une étrange sérénité. Il avait accompli sa mission : il m’avait protégé. C’est étrange la sensation de ressentir les plus infimes gestes, sentiments et pensées d’un autre être car si lui arrive à pénétrer au plus profond de ma personne il en est de même pour moi.
En analysant cette flèche je fus pris d’une grande angoisse. La technique, la minutie et la finition précise que possédait cette flèche étaient la marque de fabrication des elfes. A ce moment là, une multitude de questions brouillèrent mon esprit. Pourquoi ? Comment ? Quel était l’objectif de cette attaque menée par l’un de mes frères.
Je n’étais pas au bout de mes surprises. Le pire était à venir ! Juste en dessous des ailettes de ce projectile, à environ cinq centimètres il était gravé trois lettres SHL. Je me rappelle les avoir déjà aperçus dans le carquois du merveilleux professeur Shloomy. Il dédicaçait ses flèches afin de laisser sa signature sur les proies ou les ennemis qu’il terrassait. Pourquoi cet acte venant d’un membre de mon groupe destiné au Ragnarök avait-il était commis? Que lui avait-il pris ? Son âge lui aurait-il joué des tours ? Ou serait-ce les champignons qu’il ingurgite ? La question sera à élucider mais plus tard.
Mon sauveur avait cruellement besoin de soins. Mes piètres connaissances en médecine me permettront de lui prodiguer les premiers soins mais guère plus. Il nous faudra certainement l’intervention d’un soigneur pour le remettre sur patte. De plus l’air humide et froid qui circulait à l’intérieur de cette grotte n’était pas pour nous arranger. Il semblait pétrifier tout ce qu’il frôlait.
L’idée de faire du feu me vint à l’esprit mais le fait de devoir laisser mon ami seul me laissait septique. Je n’avais pas le choix le crépuscule arrivait à grand pas et il fallait que je me dépêche de ramasser quelques branchage avant que la pénombre de la nuit ne recouvre Tîraë’Landil.

Je sortis de la grotte afin de m’afférer à ma nouvelle tâche quand soudain je vis une ombre approcher vers moi. Cette silhouette m’était familière. C’est alors que j’entendis Henoula ? Henoula ? Est-ce bien vous ? Vous allez bien ? Je m’approchai de celle-ci et au fur et à mesure que j’avançait je reconnu ce cher professeur. La haine monta en moi et je lui sautai au cou dans le but de l’étrangler. Il me repoussa et me demanda ce qu’il me prenait. Je lui retournai la question. Pourquoi avez-vous attaquez mon tigre ? Là, je le vis devenir tout pale et il béguailla ces quelques paroles : mais mais mais je je je croy croy croyait que ce fauve vous attaquez. Il il il il é é était sur vous prêt à vous en en engloutir ? C’est alors que je compris que c’était un grand mal entendu et je m’empressais de lui raconter ma rencontre avec Elween, mon invocation et l’apparition de mon nouveau compagnon. Il me demanda où était celui-ci. Je lui répondis qu’il était dans la grotte derrière et qu’il était mal en point. Il m’aida à ramasser quelque branchage et nous rentrâmes dans la grotte.

En arrivant dans la grotte, je vis Tylur debout sur ses quatre pattes comme s’il n’avait plus rien. Il accourut vers nous et bondit sur le professeur et je vis son énorme patte avant droite se lever pour porter un coup de ses longues griffes acérées à la tête de Shloomy. J’eus juste le temps de pousser un cri : NON ARRETE LAISSE LE!!! Il me regarda et exécuta mon ordre. Le professeur me regarda et me remercia. Il ajouta ceci : quelle belle bête ! Puissante, agile et rapide heureusement que vous l’avez bien dressée sinon s’en était fini de moi.
Je demandai ensuite à mon fauve de venir me voir. Une fois qu’il fut arriver à mes cotés, je voulu retrouver les blessures qu’il l’avait tant affaiblis. Mais en retirant les bandages je ne vis plus rien aucunes traces, pas de cicatrices comme s’il ne s’était jamais rien passé. Avec Shloomy nous fûmes stupéfait de voir la vitesse de récupération de « cette machine de guerre ». Je sentis alors un sentiment de fierté m’envahir je possédais et contrôlais une véritable force de la nature.

Maintenant que les présentations étaient faites et les mystères résolus, il ne nous restait plus qu’à faire le feu pour déguster un piètre repas composé de quelques champignons apportés par le professeur et de maigres vivres que j’avais en ma possession. Quel bonheur de pouvoir partager un repas avec ses amis. Hier j’étais toute seule et aujourd’hui je me retrouve en compagnie de ce cher Schloomy à la réputation mondialement connue et de mon fauve pour lequel mon admiration ne cesse de s’accroître. C’est sur ce soir la nuit sera bonne !!!!!!