Le professeur n'avait pas dormi de la nuit. Du haut de son pin, il surveillait l'ennemi. L'ennemi... une marée de cuir et d'acier qui noyait la forêt des murmures sous des flots de haine et de sang. Nombre des visages qu'il voyait lui était familier... Idiotes, la hyène ricaneuse, Wallace, le barbare trépané ou encore la sinistre Azenor, l'enchanteresse aux milles crânes. La toute puissance de l'armée Orque venait se repêtre des cadavres encore fumant du village Elfe.
Elwinder ne l'entendait pas de cette oreille. Le professeur vit le barbare se dresser de toute sa hauteur dans le canyon, seul accès possible pour atteindre la terre natale elfe. Sereinement, il se campa sur ses positions et attendit l'assaut. Le combat était on-ne-peut-plus inégal. Seul contre 100, il fit rempart de son corps et les vagues se succèdèrent, heurtant avec violence le jeune barbare qui ne céda pas.
Pourtant, au paroxysme du conflit, Elwinder posa un genou à terre. La mort le tenait et elle ne lachait que rarement sa prise... ou alors pour en saisir une autre.
Morisso allait être celui-là. Il releva son ami qui déjà ne voyait plus rien. Elwinder rebroussa chemin, laissant derrière lui une trainée de sang mélée à ses larmes.
Morisso prit sa place. Azenor incanta. Le barbare ne fit pas grand cas des lianes qui lui serrait les chevilles : il n'avait aucunement l'intention de se servir de ses jambes.
Les coups se succèdèrent avec rage. Les Orques ne toléraient pas qu'on puisse leur résister... et pourtant.
Morisso s'écroula et mourrut en silence, heureux d'avoir pu retarder de quelques heures le massacre de son village.
Le professeur regarda le soleil qui se levait. A l'abris dans son arbre, il sut que le moment était venu.
Calmement, il descendit de son sanctuaire. Il essuya d'un revers de manche les quelques restes du maquillage de guerre qui lui avait jusqu'alors sauvé la vie et se dirigea vers le canyon, son cimetière.
Le cadavre de Morriso était déjà noyé par une douce clareté, symbole que son ami allait renaître, encore plus fort mais bien loin de lui.
Le professeur fixa les visages orques qui le regardait en silence.
Un hurlement bestial retentit... Ce soir, il n'y aura pas de prisonnier.
Le professeur Shlom