Comme à chaque nouvelle lune, l'Oskoreï se réunit dans un hémicycle improvisé. Tantôt des ruines abandonnées, tantôt une construction de fortune, parfois même un simple cercle de pierres suffit pour abriter la communauté elfe. C'est lors de ces rassemblements que les points houleux sont débattus : Andromède expose les stratégies militaires à suivre, Menwel nous fait état des finances du moment et Morween s'exhibe en prétextant un bleu à l'aine qu'elle veut absolument faire partager à ses frères et soeurs d'armes.
En cette matinée de nouvelle lune, tous les elfes sont assis dans l'hémicycle de végétation tressées, édifié par Elwinder et Elladan.
Les débats sont calmes et posés... chacun mesure ses paroles. Pourtant, un étrange malaise flotte parmi l'Oskoreï. Les plus virulents d'entre eux se montrent étrangement muet. Pas un mot plus haut que l'autre, de peur de soulever le véritable problème, ce trouble naissant d'une rumeur colportée par tout Romine : l'impensable a été commis.
En effet, quelques part plus à l'Ouest, une créature est née. Une créature en tout point semblable à ses frères : un visage élégant et serein, un corps altier et une grâce féline. Mais au fond de ce corps d'elfe raisonne le coeur sordide de la Mort.
Chacun le sait mais tout le monde feint de l'ignorer... tout du moins le tait.
Lorsque son tour vint, le professeur prit la parole.
"Mes amis, je crois que j'ai fait une boulette...
En quelques mots, le professeur exposa l'étendue du désastre.
"... et voilà comment, avec l'aide de notre précieux Nécromant, nous avons créé Thurim. Razalgul défait, je me suis chargé de récupérer son coeur d'une bien étrange manière et c'est ainsi que Thurim est "né""
Le silence de l'Oskoreï n'était plus celui du malaise, mais celui de la consternation. Dans ses propres rangs, l'escouade la plus puissante du peuple Elfe abritait une créature symbole même de ce pourquoi l'Oskoreï a retenti il y a de ça maintenant plusieurs années. Impensable, tout simplement impensable.
"Je vous le demande mes frères, que doit-on faire ? Qu'en pensez-vous ? Ne restez pas muet devant ce problème qui nous concerne tous. Si ça ne tenait qu'à moi, je détruirais moi-même cette créature... mais je n'en ai ni les moyens ni même la force : elle est en tout point identique à vous et moi : c'est un elfe tout comme toi Merwyn, tout comme toi Gladi mais partout où elle passe, la Mort la reconnait et l'appelle.
Diabolosman, toi qui m'a aidé à faire de cette chose ce qu'elle est, qu'en penses-tu ? N'y a-t-il pas une autre solution pour héberger l'âme de Razalgul sans que celui-ci menace de ressurgir un jour ?
Vous vous souvenez de Demouz ? C'était un elfe prometteur qui s'abandonne à la mort, jour après jour. Ne peut-on pas sauver cet elfe tout en abritant ainsi l'âme de notre pire ennemi ?
Je vous en conjure, mes frères, il est encore temps de défaire ce qui a été fait... pour le bien de tous"
Le professeur se rassis, prostré, la tête entre ses mains.
Nul doute qu'il vivait là l'un des jours les plus sombres de son histoire.
Petit, il s'était juré de devenir un grand paladin et de tuer la Mort elle-même.
Il avait tenu sa parole, ou presque... mais il le regrettait amèrement.
Le prof'